Power of Mana
Chapitre 1 - partie 1

Le vieux Yaskiry

La taverne de Sudia

Télécharger la musique

Dans la ville de Sudia, sur le deuxième continent, avait été installée une taverne après la restructuration de la nouvelle république. L’avantage était qu’on y trouvait des boissons de toutes sortes pas cher et de la musique en permanence.
Le propriétaire avait passé plusieurs nuits blanches à trouver un nom original pour son auberge, et finit par utiliser le nom de la ville dans laquelle elle était installée, ce qui n’était pas original du tout, mais au moins c’était un nom facile à retenir.

Comme d’habitude, le bar était aujourd’hui plein, et une fumée produite par tous les cigares essayait vainement de passer à travers le plafond pour aller à l’étage au-dessus. Les serveurs et serveuses passaient habilement entre les tables resserrées et les chaises placées n’importe où.
Un type assis à une table attendait qu’un serveur passe à moins de deux mètres de lui pour l’appeler (avec le bruit des conversations, c’était la distance minimum pour qu’on s’entende).

Le type en question était habillé à la façon des anciens guerriers de la bataille Empire-Thanatos, qui, bien qu’ils n’aient plus guerroyé depuis trente ans, continuaient à porter des armures et une épée qui ne servait plus qu’à se souvenir du « bon vieux temps ». Une serveuse passa pas loin et il l’appela.

« —Je suis à vous tout de suite » Dit-elle, et elle disparut dans la foule. Le guerrier avait toujours une admiration pour ces personnes qui arrivaient à se souvenir à la fois des commandes des clients, des prix par table, et des gens qu’ils devaient aller voir. Un peu plus tard, elle revint vers la table, sans carnet, puisque son pense-bête était incorporé dans sa tête.

« —Bon, qu’est-ce que vous prenez ?
—Heu... Rien. En fait, dit le bonhomme, je voulais vous parler.
—Je vous écoute. (Elle s’assit.)
—Vous êtes bien la petite-fille de Yaskiry ? Ça vous intéresserait de le revoir ?
—Je ne peux pas le revoir. D’abord parce que je ne l’ai jamais vu, et ensuite parce qu’il est mort.
—Ah, ça c’est ce qu’on dit, mais moi, je peux prouver le contraire. Votre grand-père est vivant.
—Pourquoi vous me dites ça ? Qu’est ce qui vous fait croire que j’ai envie de le voir ? Et puis d’abord qui êtes-vous ?
—J’aurais dû me présenter... J’étais, avant l’apparition des monstres de Mana un chevalier sous l’ordre de l’Empire. Et votre grand-père m’avait appris beaucoup de choses. C’était un grand magicien, et il n’avait pas de camp... Jusqu’au jour où Thanatos se rendit compte qu’il était dangereux pour ses projets : il lui lança un sort très puissant, et c’est depuis que Yaskiry est emprisonné dans une pierre précieuse, sans pouvoir en sortir.
—Emprisonné dans une... Où ça ?
—C’était justement le problème. Thanatos avait placé la pierre géante quelque part, mais personne ne savait où. Et dernièrement, j’ai trouvé, par une recherche approfondie quel était le seul endroit où il pouvait se trouver. C’est pour ça que je suis venu vous voir. Pour vous le dire.
—Alors où ?
—Et bien le seul endroit dans lequel personne n’oserait s’aventurer, c’est Puritas, la capitale du pouvoir Mana.
—Et que voulez-vous que j’y fasse ?
—Vous ne voudriez pas le délivrer ?
—Certainement, mais seriez-vous prêt à m’accompagner et me protéger contre tous les monstres qui y vivent ?
—Hélas, non. Je me fais un peu vieux pour ce genre de choses... Mais je connais quelqu’un qui pourra le faire. Moi, je suis juste venu pour vous le dire. Après, vous faites ce que vous voulez. Vous pouvez le laisser dans son rubis ou tenter l’aventure...
—Et qui pourrait m’accompagner ?
—Et bien, j’ai pensé que la seule personne qui puisse aller sans problèmes à Puritas, et qui aurait assez de pouvoirs pour délivrer votre grand-père, c’était... Paul Mana. »

Rumeurs sur Paul

Télécharger la musique

« —Paul Mana ? Mais tu es folle ! Elle est folle ! Tu espères qu’il viendra t’aider ?
—Pourquoi pas ? Il paraît qu’il s’ennuie...
—Il paraît ? Ha, ha ! On voit bien que tu ne le connais pas !
—Tu le connais peut-être mieux que moi ?
—Non, mais laisse moi d’abord t’expliquer quelque chose... »

Le patron sans imagination de la taverne avait Sophie pour serveuse mais aussi pour fille. Ses parents avaient étés tués par une bande de brigands. Son père adoptif essayait de comprendre pourquoi elle se mettait en tête de retrouver un vieillard dans une forêt de monstres, et tentait de lui montrer qui était Paul Mana.
« —Il y a quelques milliers d’années, alors que la Magie Mana était mal respectée et copiée par d’autres civilisations, l’Esprit de Mana envoya un Chevalier Mana pour tout remettre en place.
—Je sais. Je suis nulle en histoire, mais là, tu me sous-estimes un peu.
—Attend. Ensuite, le chevalier planta son épée dans un rocher qui devait s’ennuyer, et l’histoire s’arrête là. On ne sait pas ce qui arrive au chevalier par la suite.
—Et alors ?
—Et alors, maintenant on sait ! Paul est un autre Chevalier Mana, et après avoir accompli sa mission, il n’arrive pas à vivre ni chez les humains, ni à Puritas. Les héros ont un sale destin ! Dès que leur mission est accomplie, ils n’ont plus de raison de vivre et sont partagés entre deux milieux qui leurs sont à moitié hostile. Alors, ils s’en vont là où il n’y a ni l’un ni l’autre. Le désert de Kakkara, par exemple.
—Tu es méchant avec lui ! Tu devrais comprendre que ça doit être dur pour lui !
—Je le comprends. Mais il n’est pas comme nous. Et soit sûre qu’il ne voudra pas aller à Puritas.
—Mais je peux toujours essayer, non ? De toutes façons, s'il ne veut pas, je reviendrai, et la vie suivra son cours... Et s'il veut bien, nous aurons quelqu’un de plus dans la famille.
—Tu n’as pas peur de lui ?
—Non, pourquoi ? Il a sauvé le monde, il peut bien sauver un homme.
—Bon, alors vas-y, et bonne chance. »

Dans une chambre d’hôtel de l’île dorée, alors que trois hommes jouaient aux cartes, et que l’un d’entre eux essayait faire passer discrètement son as de pique de sa poche à sa main, le chevalier de la taverne entra en claquant la porte, ce qui surprit le tricheur qui fit tomber son as par terre.

« —C’est bon, dit-il. Elle en cause à son père et elle part.
—Nous avons réfléchi à un truc, dit un joueur. Si le magicien est délivré, ça nous fera un ennemi de plus.
—Non. Je crois que tu n’as pas compris. En envoyant Paul à Puritas, il y a une chance qu’il ne parvienne pas à son but et qu’il succombe sous les attaques des monstres. Mais je ne pense pas que ça arrive. Il est vieux, mais a encore un potentiel d’énergie énorme. Par contre, le vieux Yaskiry, lui, en sortant de son diamant, après quelques dizaines d’année d’hibernation, en sortira complètement fou. Et je pense que nous pourrons le manier facilement contre Paul. S’il arrive à se débarrasser de lui, nous n’aurons aucun problème à reprendre le trône.
—Je croyais que Paul était plus fort que lui. J’ai rien compris, moi.
—Evidemment, nous sommes plus faibles que lui. Alors, nous allons ruser. »

Guide de Kakkara

Télécharger la musique

Le désert de Kakkara ne contenait qu’une ville près de l’oasis, la ville de Kakkara et une autre, toute nouvelle, qui avait été construite sur les côtes Est après la défaite les monstres. Le commerce des denrées cultivées dans le désert arrivait à faire vivre cette ville. Malheureusement, cette ville était éphémère, car l’on savait qu’une culture se faisait tous les quinze ans, durant la saison « des cultures » qui se faisait lentement dans le désert, et entraînait des changements réguliers et propices aux cultures, toutes les quinzaines d’années.

Bref, cette ville basée sur le commerce n’en avait plus que pour quelques mois, et déjà les gens prévoyants se recyclaient dans d’autres domaines. C’était le cas d’Hakim, qui s’était spécialisé dans la géographie du désert, et était devenu un guide.

Le désert se visitait peu, mais de nombreux archéologues ne refusaient pas ses services. On avait fait appel à lui pour aller dans les endroits les plus éloignés, dans le désert profond, et même dans des oasis inexistantes, que certains croyaient avoir découverts dans de vieux bouquins. Mais jamais, presque jamais, on ne lui avait demandé d’aller chez Paul Mana. En fait, la seule personne qui l’avait demandé avant cette fille était un jeune magicien qui voulait des conseils, et qui s’était fait virer à coups de magie au derrière par la fenêtre.

La fille n’était pas magicienne, et avait peut-être des chances de lui parler sans qu’il s’énerve. Après avoir compté les pièces d’or, il prépara les animaux pendant que Sophie s’achetait des gourdes d’eau (à ne pas oublier !).

L’animal qu’Hakim préparait était très gros. Son corps chargé de graisse pouvait supporter un aller - retour sans problème et sans se nourrir. Ce corps enveloppé de protéines était tellement rond qu’il était impossible de s’en servir comme monture. Il pouvait transporter par contre tout le matériel. Sophie et le guide marcheraient, le voyage durerait trois jours.

Pendant le voyage, Hakim racontait à Sophie son dernier aller retour chez Paul :
« —Mon but n’est surtout pas de vous faire peur, et de toutes façons, je ne sais pas pourquoi vous voulez le voir. Mais la seule fois où on m’a demandé d’aller chez Paul, c’était un magicien qui voulait discuter avec lui. Durant tout l’aller, il semblait fort, et prêt à n’importe qu’elle épreuve. En fait, il semblait plutôt prêt à une épreuve. En tous cas, il est rentré, ils ont discuté, et moins de vingt minutes après, il s’est fait renvoyer par la fenêtre, à coups de magie. Paul Mana sortit la tête et il le regarda un moment. Le magicien avait l’air drôlement déçu. Paul lui dit : Tu as bien raison. Une théorie, ça se vérifie. Mais c’est dommage, la tienne sort de ton imagination. Enfin, il a dû dire quelque chose comme ça.
—Et c’était quoi sa théorie ?
—Oh, il ne me l’a pas dit. En fait, durant tout le retour, il n’a pas placé un mot. »

Paul en vrai

Télécharger la musique

La maison de Paul était assez grande, en tout cas pour une maison à une personne. Elle devait avoir trois étages. Des fenêtres laissaient passer la lumière un peu partout. La porte était ouverte. Ou plutôt, il n’y avait pas de porte. Pas de trace de vie.

« —Vous pensez que je peux entrer ?
—Autant attendre son retour. Il sera là avant une heure.
—Comment le savez-vous ?
—C’est juste une question d’habitude. Il y a des traces qui ne font pas de doute. Il est parti il y a deux heures, d’après la profondeur des pas dans le sable. Et on ne s’absente pas dans le désert loin de sa maison tout ouverte plus de trois heures. Nous allons camper à une distance respectueuse. »

Paul ne rentra pas si vite. Le lendemain, il n’était toujours pas là. Il fallait faire attention, car les vivres étaient prévus pour un aller retour sans arrêt chez Paul de plus d’un jour.

« —J’ai un peu peur, dit Sophie. Et s’il était mort ?
—Humpf...
—Je crois qu’il vaut mieux que j’aille voir.
—Allez-y. Je ne pense pas qu’il vous en voudra ... Trop. »

Sophie regarda par l’ouverture. L’intérieur de la maison n’était ni rangée, ni en désordre. De multiples objets étaient sur une immense table de travail. Un escalier montait à l’étage au-dessus. Il y avait une seule pièce. Il y avait en fait une porte, mais elle était repliée dans le mur, et Paul ne devait la fermer que lors de tempêtes.

Elle entra mais n’osa pas toucher à un seul des objets posés, tant ils semblaient être mis ici pour une fonction précise. L’encrier au milieu du bureau était presque couvert de poussière. Il n’avait pas changé de place depuis des lustres. Un bruit se fit entendre dehors. Elle ressortit très vite, de peur que se soit le retour de Paul, et qu’il la surprenne.

C’était un bruit de pas lent et régulier. Hakim était aussi tourné vers la dune d’où il venait. D’un coup, il poussa un cri qui voulait dire qu’il avait compris de quel bruit il s’agissait. Il rentra dans la tente, et sortit avec un sabre, les lances et du matériel d’attaque à distance.

« —Mais qu’est ce que c’est ? Demanda Sophie.
—Un carnivore ! Un grand ! Je croyais qu’ils avaient disparu ! »

Hakim disposa ses armes vers la dune. Il garda le sabre avec lui, et planta les lances dans le sable, prêtes à être utilisées. Une forme se souleva au-dessus de la dune. Un monstre. Tout simplement. Un corps de dinosaure carnivore de petite taille surmonté d’une tête couverte de toutes sortes de cornes. Deux cornes comme des défenses mais pointées vers l’avant de sa tête. Elles servaient de protège dent au monstre. Deux autres cornes de diable pointées sur sa tête n’avaient pas l’air d’avoir une utilité. Encore une paire de cornes s'ajoutait. Celles-ci étaient à l’arrière de la tête, et courbées en angle droit. Enfin, de multiples pics dépassaient de son front. Il avait aussi des grandes dents et de grosses griffes pour ses pattes avants. Ses pattes arrières étaient rondes, ses doigts de pieds palmés devaient servir à marcher sur le sable un peu mouvant sans s’enfoncer.

Lorsque le monstre les aperçut, il commença à grogner mais une voix derrière la dune lui demanda de se calmer. Le monstre était accompagné. C’était un vieil homme qui marchait juste à côté de lui sans se soucier du danger.
« —C’est lui ! Dit Hakim. C’est Paul ! » Le dinosaure avança vers la maison pendant que Paul s’approchait de leur tente.

« —Alors, que me vaut l’honneur de votre visite ?
—Le monstre, il est à vous ? Demanda Sophie.
—Non, c’est juste le dernier de sa race, alors je l’aide un peu. Mais il était partit très loin dernièrement, et j’ai préféré aller voir si tout allait bien. (Il reconnut le guide.) Alors, le théoricien, il va mieux ?
—Je ne sais pas, je ne l’ai pas revu.
—Et vous, mademoiselle, vous faites du tourisme, ou vous passiez, vous avez vu de la lumière et vous êtes entré ?
—Mais je... » Dit Sophie gênée. Avait-il compris qu’elle était entrée chez lui ?
« —Ce n’est pas grave. Allons, entrez, vous devez connaître le chemin. (Ils entrèrent dans la maison)
—Je m’inquiétais pour vous, c’est pour ça que je suis entrée.
—Ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave. Alors, d’abord bonjour. Que voulez-vous ?