Pour Sophie, il est difficile de se faire un avis sur Méka. Cet homme passait son temps à préparer ses conquêtes, et avec des conseillers, il construisait le plan d’attaque contre Pandore, le premier gros morceau du pays. Mais il s’occupait aussi des affaires du pays, et pour un dictateur, on avait vraiment pas à se plaindre.
Honnête avec les autres, complaisant avec les pauvres, compréhensif avec les ouvriers. Il acceptait la plupart des revendications, et à part le climat de guerre qu’il instaurait —jamais agréable— il n’était en rien critiquable. Pour lui il fallait juste se resserrer la ceinture et travailler activement à la restructuration d’un pays.
" —Nous sommes en temps de guerre, dit-il. Nous devons construire un monde meilleur, mais pour cela, il va falloir oublier le petit confort dans lequel vous vous êtes endormi. "
Méka voulait quoi, au juste ?
" —Alors, dit Méka à Lucas, dans son atelier d’Alchimie, quoi de neuf ?
—Et bien j’ai lu les livres de la bibliothèque secrète de Tasnica, j’ai pris des informations de toutes parts, et voici les conclusions : "
Méka s’assit.
" Tu as pour l’instant un manque évident de puissance et de pouvoirs. Si les esprits ne veulent te fournir leur magie, il ne te reste plus qu’à leur obliger. Pour cela, j’ai une idée : il faudrait que tu récupères l’Epée Mana.
—L’Ep.... L’Epée Mana !?
—Ainsi, tu ravives les graines et en prend le pouvoir. La puissance ainsi acquise te fait passer au rang de Guerrier Magique. Quand ce sera le cas, le monde t’appartiendra déjà. Ensuite, par un entraînement magique très poussé, il te faudra passer à l’état d’Archimage. En cumulant tout ce pouvoir, j’espère que tu sauras faire des choses dans le sujet que je ne maîtrise pas : la Magie Dimensionnelle.
Alors, nous saurons si ton rêve est réalisable. "
" —Mais... En combien de centaines d'années espères tu que j’arrive à ce niveau ?
—Tu n’as pas vingt ans d’espérance de vie, Méka. Mes potions ont déjà étés assez éprouvantes pour ton corps, et tu ne pourras plus rajeunir ainsi. Il faut que tu y arrives avant.
—Ton truc est à la limite de l’impossible, mais on le savait depuis le début, non ?
Tu m’avais déjà parlé de prendre l’Epée au début, mais je pensais qu’il valait mieux avoir du pouvoir sur les terres que de faire une quête anonyme au résultat hasardeux.
—J’ai déjà trouvé les livres sur l’Epée Mana. En les lisants je trouverai le moyen de briser son sceau. "
Méka regarda les livres. Six volumes sur la table, des pavés énormes de plusieurs centaines de pages. Puis il regarda Lucas.
Fatigué, Lucas avait des cernes énormes. Il avait passé plusieurs nuits dans la documentation et était très fatigué.
" —D’accord, mais maintenant tu vas te reposer. Nous avons tout le temps. Au fait, il y a beaucoup d’espions à Tasnica, et ils savent que tu es la pièce maîtresse de mon ascension. A partir de maintenant, tu auras un Terminator comme garde du corps. "
A son tour, Lucas fixa Méka. Celui-ci ne semblait pas très en forme. Après ce que Lucas venait de lui dire, Méka avait comprit que sa quête était impossible. On ne devenait pas immortel comme un rien. On ne devenait pas un dieu comme ça. Thanatos était un être bien plus puissant que lui et il avait échoué contre Mana. Comment pouvait-il réussir alors ?
" —Tu penses que c’est impossible, hein ?
—Quoi ? dis Méka.
—Méka, tu es aussi fort que les plus grands chevaliers humains : Paul, Jean... Tu t’intéresses à la mécanique et tu te retrouves capable de construire un robot volant et hyper-rapide
, ce qui n’a jamais été fait avant. La création de ta jeunesse, Mécano, reste une avancée technologique formidable. Tu trouves ça normal ? " Méka ne compris pas ce qu’il voulait dire.
" Tu touches de près ou de loin à un sujet et tu le maîtrises. Penses-tu que la tactique guerrière, dans laquelle tu excelles, et donnée à tout le monde ? Tes conseillers ne savent faire que ça et ont étudié le sujet pendant les années.
Crois-tu que mes pauvres sortilèges pouvaient ressusciter n’importe qui ? Mon pouvoir est limité... C’est grâce à ta force mentale que tu as pu t’échapper du monde des morts. Dans les légendes anciennes, un seul homme au monde a été capable de revenir de l’enfer. Il en est ressortit grandi. Selon l’histoire, il aurait conquit la moitié du monde à la seule force de sa pensée. Son épée déchaînait les éléments et sa voix cassait les rochers. Pour ressortir de l’enfer, il faut faire un effort mental tel que si on y arrive on deviens l’être pensant suprême. De plus, le monde des morts est un endroit magnifique pour s’instruire. Grâce à ce " voyage " tu maîtrises la magie Noire.
Tu es un génie, Méka. Pourquoi crois-tu que je t’ai choisi ?
Alors, je te passe ce livre, il parle de psychologie. Lis-le et maîtrise le sujet. Ensuite, prépare-toi à l’impossible. Car je sais que tu es la seule personne capable de le faire. Quant à moi, je vais suivre ton conseil, je vais me coucher. "
Lucas sortit, et partit vers sa chambre, accompagné du Terminator qui attendait derrière la porte du laboratoire.
Lucas n’était pas comme ces sorciers stupides qui invoquent un démon sans être capable de le manipuler. Il savait que Méka allait commander les opérations quand il le ressusciterait. A l’île dorée, où tout a commencé, ils s’étaient associés avec quelques hommes, car ils manquaient de moyens. Ces types ne pensaient qu’à leur propre futur et se méfiaient tout le temps des autres. On ne pouvait pas continuer comme ça. Méka donne sa confiance et fait confiance. Même si Lucas ne sait pas trop si Méka ne pense à lui que comme la seule personne capable de l’aider ou comme ami, il doit dire qu’il est le meilleur des associés.
Le monde est composé de toutes sortes de gens. Des grands, des petits, des gros des maigres, mais aussi des gentils, des méchants, des égoïstes, des tarés, des courageux, des faibles, des inquiétants, des ténébreux... Rares sont les personnes qui se distinguent uniquement par leur façon d’être : la façon de marcher, de parler ou de s’habiller, d’agir. Si Méka fut vite connu dans le château de l’empereur avant et dans le château de Tasnica aujourd’hui comme une personne à part, assez renfermée sur elle-même, mystérieuse et ténébreuse, on avait aussi à Pandore notre personnage inquiétant.
Soldat de Pandore car en quêtes d’aventures, orphelin depuis ses cinq ans après l’attaque sanguinaire menée dans les villages pour des raisons politiques, meilleur élève et plus grand espoir de tous les maîtres des environs, Whirl allait sur ses 22 ans
.
Voyant que la paix régnante n’offrait rien d’intéressant dans l’armée, il se demandait ce qu’il pouvait faire, lorsqu’il reçu une lettre de sa sœur, du château de Tasnica.
Après une lecture attentive, Whirl comprit que c’était peut-être son unique chance de se lancer dans une aventure. Il partit au plus vite, laissant derrière lui ses maîtres d’armes et ses supérieurs, ses rares amis et ses quelques amies.
Lui qui était si discret, on ne s’aperçut de sa disparition que lorsqu’il ne répondit pas à l’appel des cours de lance, quelques jours plus tard. Chez les gardes, on ne s’affole pas : on savait qu’il déserterait un jour, et qu’il partirait seul comme il l’avait si souvent répété.
L’épée de Vulk à la main et une bourse à la ceinture, un arc et des flèches sur son épaule, Whirl partait pour les Hauts Pays. Cette contrée est composée essentiellement d’une forêt. On y trouve la forêt des quatre saisons, le village Mimi, Bolet, mais surtout... Le village des Elfes Magiques. Aucun humain ne vit dans les Hauts Pays. Il faut dire que c’est un endroit dangereux, une forêt épaisse dans laquelle pullulent des prédateurs, des esprits, et des monstres de toutes sortes.
Whirl ne savait pas qu’il laissait derrière lui la prochaine conquête de Méka et qu’il venait juste d’éviter sa première bataille. A partir de ce jour, Whirl était lncé dans une quête dont le but n’était pas clair, mais il savait qu’il ne pourrait compter que sur lui-même. (Ca fait toujours bien cette phrase)
Dans un bateau navigant sur le fleuve, qui partait du temple de l’eau et qui accostait à l’île dorée, Whirl pourrait partir en plein milieu du trajet lorsque le bateau passerait à côté des Hauts Pays. C’est ce qu’il comptait faire, donc il alla au Temple de l’Eau. Le temple était entouré de quelques maisons et d’un petit port construits depuis peu. Cela permettait de relier par la navigation beaucoup de lieux et de construire une nouvelle escale pour le confort des voyageurs.
De plus, les personnes qui voulaient rencontrer le prêtre du temple de l’eau et qui étaient souvent déçues, car la porte n’est pas ouverte à tout le monde pouvaient enfin se consoler dans le bar tout proche...
Quand Whirl arriva dans ce mini-village naissant, il eu une impression bizarre : l’eau lui semblait étrangement agitée, sous cette mer d’huile. De sa vie il n’avait jamais eu cette impression et il n’a jamais été doué pour la magie, mais ses origines ne peuvent mentir : le pouvoir de l’eau était en tension, et ce certainement à cause de Méka. Whirl pensa que s’il pouvait sentir ça, c’était peut-être un signe. Tout le monde connaît la quête que Paul Mana avait du suivre, et elle commençait au Palais de l’Eau.
Pensant que qui ne risque rien n’a rien, il marcha vers la porte du palais, pour essayer d’entrer. S’il avait ce contact avec l’Eau, ce ne devait pas être pour rien.
Deux-trois personnes étaient intéressées par la démarche de Whirl. Des habitués du coin, sans doute, qui passaient leur temps à regarder les gens qui essuyaient les défaites lorsqu’ils pensaient que toutes les portes leurs étaient ouvertes. Ils rigolaient déjà en voyant le garçon avancer. D’autant plus que Whirl dans son habillement et sa démarche ressemblait à un grand aventurier qui avait l’habitude des défis.
Faisant semblant de les ignorer, Whirl arrivant en haut des marches du palais et poussa la porte. Mais celle-ci était bien fermée. Des rires se firent entendre. Whirl allait passer sa déception sur les deux crétins en bas, mais il s’arrêta.
La porte devant lui, il commença à expliquer les raisons de sa visite :
" —Je ne viens pas comme ça, je suis là parce que j’ai reçu une lettre me demandant de l’aide. Et en passant j’ai senti un truc bizarre dans l’eau, c’est la première fois que ça me fait ça... " Whirl n’avait pas grand-chose à dire, mais la porte ne s’était pas ouverte. Déçu, il essaya quand même de pousser, et elle s’ouvrit ! Les rires s’arrêtèrent net. Les observateurs étaient cloués.
Whirl leur fit un sourire railleur, et entra. Il suivit l’unique chemin qui lui était donné et marcha entre les flots qui traversaient le palais. S’il avait pu entrer, c’était obligatoirement pour une raison précise. Cela prouvait peut-être même que sa quête avait un sens, ou encore plus qu’elle était importante !
Après avoir traversé quelques salles, il arriva vers une petite pyramide qui était au fond de la plus grande salle du palais. Devant celle-ci se tenait une personne. Whirl marcha vers ce qui devait être le prêtre de l’Eau. Whirl savait que le prêtre de l’Eau l’était depuis presque trois cents ans, et qu’il n’avait ouvert ses portes qu’à une dizaine de personnes ces cinquante dernières années.
Il fut donc surpris de voir en sa personne une fille jeune et belle !
On ne peut pas dire que Whirl en tomba instantanément amoureux. Ce serait débile et trop facile. Je ne fais pas des romans comme ça, c’est trop basique et déjà-vu. Il n’empêche que la prêtresse de trois cents ans en jette, elle est mignonne comme tout, dans une robe qui met en valeur ses formes à faire pâlir les nymphes du genre top modèle.
Le garçon resta un instant devant elle sans rien dire lorsqu’elle brisa le silence - entre eux deux, car dans le palais, c’est pas silencieux. De l’eau coule partout, et il flotte dans ce palais la douce musique rafraîchissante de l’eau courante, qui répand du bien-être dans la salle. C’est d’ailleurs grâce à ça que ce palais est le plus beau, le plus calme et le plus doux des palais des éléments. Il y a bien la tour de la lumière, Palais de l’élément de la Lumière dans laquelle flotte aussi une atmosphère particulière, dont personne ne profite, d’ailleurs, puisque comme le palais de l’Eau elle est fermée au public... Enfin, tout ça pour dire que c’est Lucie qui parle en premier. Ne nous éloignons pas du sujet.
Alors qu’elle dit :
" —Et bien, Whirl, tu n’espérais pas me poser quelques questions ?
—Hein ? Heu... " Whirl sortit de sa contemplation. Il allait demander comment elle savait son nom, mais il s'abstint, car il savait qu’à cette question elle répondrait la phrase habituelle du genre : " mon pouvoir... Toutes ces choses... Je t’attendais depuis longtemps... ". Mais était-il attendu ou est ce que elle connaissait son nom à cause d’autre chose ? Dans le doute et pour ne pas se faire trop d’idées, il demanda quand même :
" —Comment tu sais... comment vous savez... comment vous connaissez mon nom ? " Et paf ! se dit-il. Quelle magnifique prestation, du gars qui ne peut même pas faire une phrase en une seule fois. Le problème était qu’il ne savait pas trop comment prendre cette jeune fille. Elle est quand même son aînée de 300 ans
!
" —C’est l’eau qui me l’a dit.
—Ah, d’accord ! " Rassurant, n’est ce pas ? Ben oui, c’est l’eau, bête ! Non mais qu’est ce qu’il croyait ? Remarque, je suis peut-être pas appelé, mais l’eau me connaît ! C’est toujours une satisfaction, de savoir qu’on est connu par l’eau. Ca couvre quand même les deux tiers du globe
, ce truc. Comme ça, au cas où t’as un besoin, hop ! Demande à l’eau, elle me connaît, c’est un pote à moi !
Elle est bien, Lucie. C’est vrai, pourquoi se poser des questions ? Quelqu’un entre, hop, on demande à l’eau. Alors, l’eau, c’est qui ce gonze ? Vous en pensez ce que vous voulez, mais moi, personnellement, le coup de l’eau, heu...
" —Tu sembles septique, dit Lucie.
—Qui ? Moi ? Non.... J’ai l’air ? " Je devrais arrêter cet air moqueur sinon, je vais la blesser.
" —Dites, comment vous appelez-vous ? " Whirl savait très bien comment elle s’appelait, mais il voulait savoir quand même comment la nommer, parce qu’il avait toujours un problème au niveau du degrés de respect qu’il devait lui porter. Il pourrait l’appeler " la vieille ", se serai adapté à son âge, mais bon...
" —Tu peux m’appeler la Sage Lucie " Alors le jour où vous entendez cela de la part d’une prêtresse qui a l’air d’avoir 15 ans, ne vous moquez surtout pas d’elle, sinon elle vous en colle une.
Heureusement pour Whirl, il sut garder son clame extérieur. Déjà, la conversation n’avait pas bien commencé, il fallait maintenant qu’il soit totalement crispé pour ne donner aucune impression.
" —Aucune concentration. C’est incroyable. " Lucie de son côté était bien déçue par le garçon qui venait d’entrer. Aux yeux de la mission qui allait lui être confiée, il faisait un peu demeuré.
" —Ecoute, Whirl. Ce n’est plus possible, il faut faire quelque chose. Le retour de Méka et la montée progressive des forces maléfiques nous oblige à envoyer quelqu’un. Pour la première fois la menace est humaine. Alors écoute ta mission : Tu dois te perfectionner et combattre Méka.
—Ca tombe bien, c’est justement ce que je voulais faire... Je pensais voir les Elfes Magiques...
—Tu n’arriveras pas à grand-chose : les Elfes Magiques ont disparut il y a 50 ans.
—Vous êtes sûr qu’on ne peut pas retrouver de trace ou quelque chose ?
—Oui. Laisse tomber les Elfes. Mana t’a proposé autre chose : le nettoyage.
—Le.... le ?
—Ce que nous voulons dire, c’est que tu dois progresser vite, et pour cela, rien ne vaut le vécu : trois démons sévissent sur le continent. Tu devras les détruire. Le mieux, pour aller plus vite, serait que tu ai une arme magique.
—Heu.... J’ai une épée forgée par Vulk....
—C’est déjà une bonne chose. Vulk faisait de très bonnes armes. Je pense qu’avec une base pareille, nous pourrons facilement construire une épée magique."
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7...et 3 mois. Mais vous vous en foutez, n'est-ce pas ? back
8274 ans exactement. Incroyable, hein ? back
9On continue dans les chiffres : dans le monde de Mana, les mers et océans couvrent exactement 69,541 % de la surface de la planète lorsque c'est la marrée haute à Tasnica. Quand c'est la marrée basse, pas de différence. Il faut dire que l'attraction des lunes de Mana est vraiment nulle. S'il n'y en avait pas plusieurs, on ne verrait vraiment rien du tout la nuit. C'est putréfiant, ça, non ? back