
Le garçon, la fille, et l’Elfe
Sur un continent oublié, à une époque lointaine, vit un peuple qui n’adore aucun dieu,
et n’est soumis à aucun maître. Un peuple qui vit en paix et en liberté, et puise toute sa
force dans l’arbre magique de Mana. Seuls les vénérables sages savent encore quelles véritables
forces se caches dans le Mana. Car la paix ne règne pas depuis toujours dans ce pays.
Une vieille légende raconte que les habitants du pays utilisèrent un jour les pouvoirs de Mana
pour se révolter contre la puissance de l’infini. Alors apparut un chevalier qui
punit les insurgés et détruisit leur civilisation. Il déposa les graines de l’Arbre Mana dans
huit palais. Elles devaient être la marque qui préserverait le mal. Le chevalier avait pour
arme la légendaire Epée Mana. Après avoir accompli sa mission, il planta son épée dans un rocher.
C’était une marque supplémentaire pour conjurer le mal et commémorer la profanation de la
puissance de Mana. L’Épée reposait dans ce rocher depuis la nuit des temps, jusqu’au jour où...
La forêt interdite
Les chutes d’eau qui tombaient d’une hauteur de dix mètres faisaient un bruit assourdissant. On les entendait de si loin que les voyageurs égarés dans la forêt se servaient de leurs bruits pour se repérer. Mais depuis longtemps, personne n’est entré dans la forêt, car elle était devenue interdite. On la racontait dangereuse et remplie de bêtes sauvages. La plupart des chasseurs du Hameau Potos, le village qui surveille l’entrée de la forêt, la contournaient pour entrer ensuite dans les bois qui forment la plus grande partie du pays de Mana.
Pourtant, devant les chutes, en équilibre sur un pont qui permettait de suivre un chemin que peu avaient utilisé depuis longtemps, il y avait trois enfants du Hameau Potos, qui essayaient tant bien que mal de passer ce pont d’une dizaine de mètres de hauteur. Le premier était grand, et se voulait chef du groupe. Celui qui le suivait était bien plus jeune que lui, et on sentait qu’il s’était laissé entraîner dans cette randonnée sans réfléchir. Et au milieu du pont se trouvait le troisième. Celui-ci semblait rejeté au milieu des autres. Il portait des vêtements d’un style complètement différent, et n’était pas du tout à l’aise sur ce pont prêt à craquer.
"-Attendez-moi ! Dit-il.
-Je t’avais dit qu’il ne fallait pas l’emmener avec nous, dit le petit.
-Va plus vite, dit le grand. Tu nous retardes. Il faut faire vite !
-C’est vrai, dit le petit, si le sage nous trouve ici, on est très mal. Mamie nous a souvent parlé d’un objet qui brillait dans les chutes.
-C’est un trésor. Il faut le trouver."
Mais le retardataire n’osait toujours pas faire un pas de plus.
"-Mais il est gardé par un fantôme, dit le petit.
-C’est pas vrai. Ce sont des histoires pour nous faire peur. Alors, tu viens ?"
Le troisième risqua un pas en avant et glissa. Il se rattrapa au pont et les deux autres le rejoignirent. Il lâcha. Les deux amis le virent tomber dans les chutes, puis ils partirent en courant vers le Hameau Potos.
Le garçon se réveilla. Il était tout mouillé et rempli de bleus partout. Heureusement, il y avait beaucoup de mousse au fond du petit lac formé en bas des chutes, et le garçon n’avait pas de blessures. Il se rappela qui il était et pourquoi il se baignait. Il était Paul Mana. On s’était toujours demandé en quoi il méritait ce nom de famille, mais sa mère, dès sa naissance l’avait proposé, et, sans trop savoir pourquoi, les villageois du Hameau Potos trouvèrent qu’il lui allait bien. On n’était pas sûr que « Mana » était le nom de sa mère. Elle ne voulait pas avoir de nom, et on l’appelait "la mère de Paul", en toute simplicité. Peu après, elle disparut et on ne la revit jamais.
Paul se releva et chercha la direction du village. Il vit le tronc d’arbre qui servait de pond en haut, et décida de suivre le chemin qu’ils avaient pris en haut, de visu, tout en marchant dans la forêt. Contrairement à ce qu’on lui avait dit, cette forêt était identique au reste de la végétation qui couvrait le continent de Mana. Il n’y avait pas la trace de monstres, ni de bêtes sauvages. Il suivit le chemin qui s’offrait à lui. Mais très vite, il s’arrêta. Une plante avait poussé en plein milieu du chemin, et elle faisait un barrage. Pleine d’épines, Paul se dit que la traversée allait être plus difficile qu’il ne se l’imaginait.
Il essaya de passer par dessous, entre les pieds de la plante. Mais c’était trop dur. Par contre il put voir le chemin qui continuait derrière. Au milieu il y avait un lapin en train de grignoter une espèce de navet. Paul rebroussa chemin et chercha un bâton ou un objet lui permettant de débroussailler un peu. Il s’éloigna un peu du chemin et se retrouva devant un lac artificiel peu profond. On distinguait le fond rocailleux.
Une voix l’interpella.
"Paul... Paul..."
Le garçon chercha d’où elle venait, mais ne vit personne. C’est là qu’il remarqua qu’au milieu du lac était plantée une épée dans un rocher. L’objet brillant qu’ils cherchaient ! En effet, l’Épée semblait renvoyer la lumière dans toutes les directions. Paul se mouilla pour approcher de l’Épée. La voix repris :
"Paul... Enlève l’Épée... Enlève-la..."
Une fatale erreur
Derrière cette voix on entendait des grondements, des gémissements. Lorsque la voix parlait, tous les autres sons semblaient s’éteindre. Sans comprendre, Paul arracha l’Épée du bloc de pierre. Lorsque l’Épée et la roche furent séparées, une lumière aveuglante sortit du trou laissé par l’Épée, et le garçon sentit des choses passer. C’était d’elles qu’émanaient les grognements. Enfin, la lumière baissa en intensité. Paul se retrouva avec l’Épée en main et devant lui se tenait au-dessus de la pierre un personnage blanc et vaguement transparent.
"-Un fantôme !
-L’Épée, répondit-il. L’Épée...
-Quoi ? Cette épée ?"
Paul brandit l’Épée, et la lumière reprit, envoyant de la poussière brillante dans toutes les directions. Lorsque l’intensité luminescente revint à son point initial, le fantôme avait disparu. C’était lui qui l’avait appelé.
Remis de ces émotions, Paul repris son chemin. L’Épée était lourde, et il aurait du mal à la manier. Mais de toutes façons, elle ne devait servir qu’à se frayer un passage. Arrivé devant le buisson, il donna un coup d’épée en plein milieu des branches. Cette épée, qui paraissait vieille et rouillée avait quand même tranché les branches. Elle était plus coupante qu’il ne le croyait. Il se fit un passage à travers la plante et se retrouva de l’autre côté. Le lapin qu’il avait aperçu était toujours là. Mais il était différent. D’abord, il ne fuit pas à l’arrivée de Paul. Il ne grignotait plus son navet. Il fixait le garçon avec des yeux rouges dans lesquels brûlait une haine qui fit réellement peur au garçon.
Sans prévenir, il sortit des griffes immenses et s’approcha lentement de Paul. Celui-ci lui fit face en tenant son épée en garde. Elle lui paraissait moins lourde. Le lapin lui sauta dessus, et Paul lui donna un grand coup d’épée. L’animal fut coupé en deux net. Les deux parties tombèrent et au lieu de laisser une trace de cadavre sanglant, les morceaux restèrent un moment par terre et se désintégrèrent. Paul n’en revenait pas. Il venait de désintégrer un lapin en un coup d’épée ! Il avança un peu et découvrit au tournant du chemin deux autres lapins qui semblaient aussi menaçants que le premier qu’il avait rencontré. Il retourna en arrière... pour redécouvrir le premier lapin qui était réapparu !
Il avait toujours ce regard de tueur-né et l’attaqua de nouveau. Paul lui donna un coup d’épée et le tua, et le lapin disparut une autre fois. Il décida de retourner au village et de voir là-bas qui étaient ces monstres. Sur son chemin il rencontra encore d’autres lapins, qu’il transperçait à coups d’épée. Il lui semblait qu’il arrivait mieux à la manier. Pourtant il n’avait jamais tenu d’arme de sa vie. Il s’était aussi fait toucher par quelques attaques des lapins, et au fur et à mesure des combats, il se retrouva blessé. Les griffures des lapins avaient fini par faire une entaille grave au bras qu’il utilisait pour se battre.
Mais il arriva au village, et heureusement il n’y avait aucun monstre à l’intérieur.
Paul fut soulagé de ne voir aucun monstre. Mais les gens étaient différents. Ils semblaient inquiétés. Et la plupart de ceux qu’il rencontra lui dirent d’aller voir le sage, qui l’attendait. Le sage avait éduqué Paul depuis la disparition de sa mère. Mais Paul préféra d’abord aller dans la taverne pour emprunter de quoi soigner sa blessure. Devant la porte d’entrée, il vit le cadet du village qui lui rapporta qu’il y avait à l’intérieur de l’auberge un homme très grand qui ressemblait à un chevalier. En effet, à l’intérieur il y avait un homme, taciturne, qui ne semblait pas prêt à parler. Paul se fit un pansement et marcha vers la maison du sage. Devant l’attendaient déjà le sage et ses deux amis avec qui ils étaient parti à la chasse au trésor.
"-Alors, dit le sage, qu’est-ce qu’il s’est encore passé ?
-On te croyait mort ! Dit le petit."
Le sage remarqua alors l’Épée accrochée à la taille de Paul.
"-Qu’est-ce que tu as là ? Dit-il. Ah ! Non ! Ce n’est pas vrai !
-Génial, dit le petit, tu as trouvé le trésor !
-Où as-tu trouvé cette épée ? Demanda le sage.
-Dans un rocher, près des chutes.
-L’Épée Mana ! Cria le sage. Tu l’as retirée !
-L’Épée Mana ? Demanda le grand. La légende dit que le village est perdu si..."
Il se mit soudainement en colère.
"-C’est pour ça qu’il y a des monstres partout maintenant ! C’est ta faute !
-Arrête ! Dit Paul"
Mais son agresseur était en colère et ne semblait pas décidé à s’arrêter.
"-Toi, un étranger, tu ose mettre nos vie en péril ? Je vais te tuer !
-Arrête ! » Disait toujours Paul. Il pensa un moment à sortir son épée pour lui faire peur, mais il n’en fit rien.
Alors qu’il continuait à être repoussé, un séisme se fit sentir. Toute la terre trembla et un énorme trou s’ouvrit juste en dessous de Paul et de son agresseur. Paul parvint à se rattraper mais finit par tomber quand même. Le chevalier sortit de l’auberge et le tremblement de terre s’arrêta. L’homme s’approcha du trou et regarda ce qu’il s’y passait à l’intérieur. Un monstre de la taille d’un chariot menaçait les deux enfants. Paul avait apprit les noms et les dessins des monstres des légendes par coeur. Pas de doutes, ce monstre était bien Mantides, la fourmi mutante et géante qui n’existait que dans les histoires de fées. Elle semblait en métal et portait au bout de chaque bras une griffe géante. Son armure géante qui l’entourait la rendait encore plus invulnérable. L’autre garçon semblait maintenant complètement inoffensif. Il était blessé par sa chute, n’ayant pu se retenir.
"Un monstre ! Cria-t-il. Tu as une épée ? Alors sers-t’en !"
Paul fit face au monstre. Il devait faire trois mètres de haut. Il donna des coups successifs au monstre, qui semblait rire de ses attaques. L’homme, d’en haut, lui donna des conseils :
"Calme-toi ! Il faut que tu utilises cette épée au mieux de sa force. Charge ton épée, puis donne lui un coup."
Charger une épée ? Paul ne comprit pas. Mais dans les légendes, on disait que les armes magiques pouvaient devenir plus puissantes si on les chargeait. Son arme semblait magique. Il était donc logique qu’il puisse faire quelque chose d’impossible avec. Il se concentra et senti la puissance monter dans l’Épée. Lorsque que cette puissance fut à son maximum, il fonça sur le monstre et porta une attaque. L’armure de Mantides éclata littéralement. Mis à nu, la fourmi comprit qu’elle avait sous-estimé son adversaire. Elle l’attaqua à coup de griffes et fit des sauts de plusieurs dizaines de mètres pour l’atteindre. En plus, elle lançait des sorts magiques que Paul ne savait pas parer. Les griffes, c’étaient une chose, une boule d’énergie bleu qui lui tombait dessus, c’en était une autre. Il n’avait jamais le temps de charger son épée, et il faiblit sous les attaques du monstre. Il fini par tomber dans l’inconscience.
La voix de l’homme lui revint.
"-Si tu n’as pas le temps de charger ton épée, évite le monstre et n’attaque que lorsque ton épée est prête. Je vais te réanimer."
Paul se sentit revivre et suivit les conseils du chevalier. Il fut réduit à l’impuissance encore une fois, mais il était à chaque fois aidé par l’homme, alors que le monstre ne l’était pas. Il finit par périr sous les attaques de Paul. Le monstre explosa dans un vacarme épouvantable. L’ami de Paul était toujours caché derrière une pierre depuis le début du combat. Il était pétrifié : il venait de voir quelqu’un qu’il voulait menacer détruire un monstre géant.
A la place du monstre, il y avait une sphère. Paul la prit. Le chevalier remonta les deux enfants et dit à Paul qu’il était le chevalier Jean de Tasnica :
"-En enlevant l’Épée de Mana, tu as libéré les forces sombres. Il était dit qu’un chevalier devait retirer l’Épée un jour pour remettre de l’ordre dans le pays de Mana. Mais tu es trop jeune, il a dû arriver quelque chose à l’Épée. La force Mana a dû s’affaiblir. C’est aussi pourquoi je pense que les monstres ont pu sortir aussi facilement. Car normalement, les graines et l’Arbre Mana scellaient aussi les monstres. Or, on a vu que seule l’Épée les maintenait dans l’ombre. C’est pourquoi tu as pu la prendre. Si Mana perd de sa force, c’est très important. Je vais rejoindre la Sage Lucie au palais de l’Eau. Tu pourras me rejoindre ? Je compte sur toi. Tu pourras utiliser l’agence Canon"