On composa un nouveau gouvernement, les héros furent promis d’être aidé où on les trouverait. Les courriers furent envoyés partout par l’agence Canon qui fit ces voyages-là gratuits, en l’honneur du nouvel état. C’était vraiment exceptionnel. Jean et les autres firent un point au QG : « —Pour l’instant, tout roule, sauf que nous ne comprenons pas du tout la technique de Thanatos. —Si, dit Jean, je la connais. Voyez-vous, Thanatos veut faire quelque chose d’impossible : il veut ressusciter le fort Mana. —Le château volant dont il est question dans les contes de fées ? —C’est bien loin d’être un conte de fées, je le crains. Thanatos doit attendre que vous ayez scellé les graines, pour ensuite s’en emparer, et en les rassemblant, ouvrir la porte du Fort Mana. Ce serait une arme de puissance invincible. Si jamais il y arrivait, ce serait la fin du monde. —C’est pour ça qu’il m’a laissé en vie ? Pour sceller les graines ? —Je me sentais fort avec mon arme magique, dit Trivol, mais je vois que Thanatos est un magicien qui nous dépasse tous, et ses hommes sont invincibles. —Ce ne sont pas des hommes, dit Jean. Rambo et Schwarzy sont des monstres. C’est pour ça qu’ils sont si forts. Quand à Thanatos, il est très vieux. Il doit avoir au moins cinq cents ans. C’est pour ça qu’il est très puissant. Son pouvoir augmente tout le temps. —Mais pourquoi a-t-il pris Tom, demanda Olivia. Pourquoi ? —Ça, je n’en sais rien. Peut-être qu’il veut utiliser ses pouvoirs pour ouvrir le Fort... —Mais Tom n’a pas de pouvoirs ! Il a toujours été normal ! —C’est toujours comme ça avec les enfants de la tribu Mana. Leurs pouvoirs ne se dévoilent que lorsqu’il le faut vraiment. En fait, il a un potentiel très important. Mais je ne comprend pas pourquoi il n’a toujours rien fait contre Thanatos. —Donc Thanatos attend qu’on finisse de sceller les graines. Il vaut mieux ne pas le faire. —Malheureusement, si. Sinon, les monstres resteront à jamais au pays de Mana. Et seule ton épée réactivée peut détruire un pouvoir comme celui de Thanatos. Tu dois continuer. Il va falloir vous séparer. Paul va devoir sceller les dernières Graines, pendant que nous protégerons celle que nous savons le mieux protéger : la Graine du Vent. Trivol et moi-même viendrons en aide à son grand-père. Ce qu’il faut, c’est avoir assez de force pour se mesurer à Thanatos. Et quand les Graines seront scellées, ton épée sera réactivée. —Une légende parle de l’Arbre Mana, qui serait la force première de Mana. Mais personne ne sait où il est... —Si, dit le roi Truffe. Quelqu’un sait où il est : Flammy ! C’est un grand Dragon Blanc. Et comme eux, il doit savoir où se trouve cet arbre. D’ailleurs, savez-vous, que lorsqu’ils s’en sentent capables, les dragons blancs font leur premier voyage seul, vers l’arbre, pour parler avec lui. Mais évidemment, c’était quand ils étaient en tribus... —Pour parler avec lui ? —Oui, oui. C’est à ce moment qu’ils sont considérés comme adultes. Là, ils choisissent leur voie, et c’est là, par exemple qu’ils décident s’ils veulent devenir une monture d’un chevalier. Pour l’instant, à part cette fois où il est parti pour vous sauver, Flammy n’a jamais volé seul. C’est quand il partira seul que je saurais que je n’aurai plus à m’occuper de lui. —Regardez dehors. » Flammy, sur la place, était entouré de gens qui lui proposaient du foin et d’enfants qui essayaient vainement de monter sur lui. Il était calme, mais d’un coup, il se mit sur les deux pattes arrières, et prit tranquillement son envol. Sa direction semblait bien précise, mais ce n’était pas celle de Bolet. « —Ben voilà, dit tristement le roi Truffe. Cela devait bien arriver un jour... —Désolé. Ça grandit vite à cet âge-là. —Et puis même. Voir l’Arbre Mana n’arrangerait rien. Il faut d’abord aller au plus pressé. —En tous cas, nos projets sont faits. Mais d’abord, pour vous trois, il faudrait que vous alliez voir Socrate. C’est un philosophe qui vous aidera à franchir un pas dans vos connaissances et votre force. Il a une épreuve qui vous fait perdre la plus grande de vos peurs. Je le sais. Je l’ai déjà faite moi-même. —Ah bon ? Demanda Trivol. Et c’était quoi ta peur ? —Je préfère ne pas vous le dire, ça pourrait fausser vos idées sur cette épreuve. Vous devez avoir une surprise complète ! »
Les trois amis arrivèrent à Mandala, la ville des montagnes, dans laquelle se trouvait Socrate, et le Palais de l’Ombre, d’ailleurs. C’était un village sympa. Ils achetèrent en solde les dernières armures de protection ultra-légères et ultra-résistantes. C’était Jean qui leur avait prêté de l’argent. Et il y avait aussi les restes du trésor réservé au chevalier légendaire qu’ils avaient eu à Pandore. On les fit dormir gratuitement dans l’auberge, et on leur indiqua le chemin (escarpé) qu’il fallait prendre pour trouver Socrate. Mais au moment de leur départ, quelque chose apparut dans le ciel : Flammy ! Il se posa. Il devait revenir de l’Arbre Mana. Il tenait dans son bec un petit tambour. Le roi truffe leur en avait parlé. C’était son jouet, préféré : dès qu’on y jouait, il venait vers le bruit. Ce qui était pratique pour le rappeler lorsqu’il volait un peu loin. Le dragon déposa son jouet à leurs pieds. Le message était simple : il avait discuté avec l’Arbre Mana, et avait décidé d’être leur monture. Il viendrait dès qu’on l’appellerait avec le tambour. Ils remercièrent Flammy pour son choix, et il s’envola. Trivol prit le tambour avec lui, et ils partirent pour la Sierra de Socrate. Le chemin était, en effet, escarpé. Des frelons géants les attaquaient et l’escalade était difficile. En plus, il y avait bien cinq cents mètres de dénivelé à monter. Quelle idée d’aller vivre en montagne ! Enfin, ils arrivèrent tout en haut. Ils se débarrassèrent des derniers insectes qui les attaquaient à coups d’épée et de magie. D’en haut, la vue était superbe, mais moins belle que vue sur le dos de Flammy, trouva Trivol. S’il savait qu’il n’avait encore rien vu ! Les Dragons Blancs volent des fois jusqu'à deux milles mètres de hauteur ! Il y avait une grotte qui descendait dans le cœur de la montagne. Ils entrèrent, et à l’intérieur se trouvait une caverne aménagée. Il y avait quelqu’un, qui n’avait pas l’air ravi de les voir : « —Qui êtes vous ? Qu’est-ce que vous venez faire ici ? —Heu... Désolé de vous déranger, nous cherchions Socrate... —Il n’est pas là ! Allez vous en ! —Nous voulions juste... —Je sais ! Faire cette épreuve ! Ben faudra attendre qu’il soit revenu ! Pas’que j’m’occupe pas de ça, moi ! Et puis vous pouvez attendre un peu, non ? —Heu... Si, bien sûr. Ce sera long ? —J’sais pas. P’têt un jour ou deux... —Quoi ?! —Tiens, on dirait que vous avez perdu votre patience... N’avez qu’à revenir demain. En attendant, allez sceller la graine du palais des Ténèbres, c’est à côté. Vous êtes là pour ça, non ? —Quoi ? Vous savez... —Bien sûr, que je sais ! Socrate sait tout ! J’suis son disciple, et il m’dit tout ! Alors, allez-y ! Vous avez pas de temps à perdre. Si c’est comme ça qu’ils croient qu’ils vont sauver le monde ! Ey ! Réveillez-vous ! Bougez-vous un peu le cul ! Ah, ces jeunes ! » Ils sortirent de la grotte, déçus. Lui, le disciple de Socrate ? Il n’a pas dû comprendre grand-chose à la philosophie.